Dans sa critique pour le Théatre de la Ville, Gérard Mayen cite Beckett : Trouver une forme qui acccompagne le gâchis, telle est actuellement la tâche de l’artiste. Considérant cela, peut-être peut on trouver un sens à Umwelt, de Maguy Marin.
Dans ce sens, on a pu entrendre sur France Culture :
Le geste chorégraphique de Maguy Marin est radical, en cela qu'elle pose une seule question : quel est le sens de ce défilé incessant et unidimensionnel ?
En restant derrière leurs miroirs, en se présentant la plupart du temps de dos, les interprètes de Maguy Marin refusent la dictature du spectateur.
On peut lire dans l’huma :
Les danseurs se déplacent au sein d’un territoire réduit. (...)Mis sous contrôle du décor qui les oblige à se mouvoir à l’étroit, ils sont encore soumis à des accessoires, lesquels conditionnent l’action : pomme, cigarette, paquets, vêtements, quartier de viande, etc.
Éternel retour du pareil au même, en somme, cette pièce nourrit la folle ambition de représenter un morceau de l’universelle culture dans son sens le plus commun.
Dans le Guardian :
These fragments repeat and accumulate until everything becomes equally banal, pointing a gun or dandling a baby neither more nor less significant than counting money or dropping a book.
Est-ce encore mon optimisme béat qui me joue des tours et m’interdit d’aller dans le sens d’une vision du monde / de l’art à la Beckett ?
Quoi qu’il en soit je m’y tiens et me refuse à intellectualiser, pour le sauver, Umwelt.
Dans Umwelt, hommes et femmes mangent pomme, sandwich, yaourt, portent lapin ou carcasses, montrent leurs fesses ou se branlent (là uniquement des hommes en imperméable : et on voudrait me faire croire qu’il s’agit d’autre chose que d’une accumulation de clichés entrecoupés de saynètes qui se veulent surréalistes parce qu’absurdes ?), portent à bout de bras un bébé pour ensuite le balayer d’un coup de pied... Si misère du monde il y a, Maguy Marin n’en dit rien qui puisse avoir un quelconque effet politique.
Hommes et femmes jettent canettes, trognons de pomme, un seau de gravas, puis deux puis trois sur ce devant de la scène où ils refusent obstinément d’avancer. Ce devant de la scène qui gardera les rebus de leur passage, comme pour prouver qu’il ne s’est pas RIEN passé - car comment RIEN laisserait-il ces traces ? Et pourtant, c’est tout comme…
Alors : refus de « la dictature du spectateur » ou création autistique ?
Lire aussi sur le blog Images de danse : http://imagesdedanse.over-blog.com/article-1274151-6.html#anchorComment
Rédigé par : helene | 27 novembre 2005 à 17:33
Si je me souviens bien, Umwelt, c'etait, en philo la realite du monde qui nous entoure, et c'est devenu l'environnement, au sens politique du terme. Je n'ai pas vu le spectacle, mais il semble que Beckett ne meritait pas cette accolade.
Quant a l'onanisme masculin en impermeable et au jet de bebes ou de trognons de pommes, l'accomplissement (et l'intention secrete et inavouee de l'auteur) serait peut-etre que le public, au lieu de quitter la salle au bout de cinq minutes, se revolte, monte sur scene, et deborde les acteurs, comme au bon vieux temps du Living Theater.
Rédigé par : Lunettes Rouges | 27 novembre 2005 à 23:36
Oui oui c'était tentant ! Une femme a interpellé les danseurs / non-danseurs d'ailleurs. Mais ils étaient trop conditionnés amorphes (tout comme nous, certes) pour sembler pouvoir réagir à quoi que ce soit, improviser, sortir du fond de scène... mais peut-être...
Rédigé par : helene | 27 novembre 2005 à 23:48
Il y a du nouveau sur mon blog à moâ, peut-être un début d'explication pour les méchants incrédules ? ;-)
Rédigé par : JD | 29 novembre 2005 à 23:30
Umwelt est un spectacle qui au départ m'a donnée la migraine, puis m'a fatiguée comme me fatigue ces spectacles où s'accumulent certains "tocs" contemporains, pour finalement me rendre triste : j'y ai vu la concrétisation artistique du "désenchantement du monde" sans ressentir toutefois qu'une alternative était possible par le biais de l'art d'où cette très grande tristesse en tant que spectatrice.
Rédigé par : Safran | 26 décembre 2005 à 13:42
Non désolé je n'ai pas vu ce spectacle.
Mais j'ai du me faire mal comprendre car ce que je voulais dire ce n'est pas que le spectacle est choquand en lui même mais qu'il oblige à une interrogation sur le sujet.
Sinon moi aussi j'aime bien flotter et j'ai trouvé la danse de grande qualité.
Par contre le canard m'a gonflé !
Je t'invite par ailleurs à passer sur le blog de kimiko pour la critique de noces.
http://ulik.typepad.com/kimiko/2006/04/noces_de_preljo.html
Rédigé par : leafar | 24 avril 2006 à 15:26
je l'ai vu hier soir et je suis sortie à mi-chemin de la salle tellement j'ai trouvé agressant ce bruit industriel et répétitif. J'appelle cela une prise d'otage sonore car nous n'avons pas la possibilité de nous protéger ou en se bouchant les oreilles ce que j'ai fais d'ailleurs.
Je ne vois pas où Maguy Marin veut en venir sinon rajouter de l'aliénation à notre monde qui il me semble n'en manque pas. Je vais lui écrire car il me semble que l'on a une responsabilité lorsque l'on est chorégraphe.
Rédigé par : channel | 25 avril 2007 à 09:22